Synthèse du drame

 
 

PRÉSENTATION

LEÏLA et NICOLAS

OPERA

L’objet du présent opéra est de présenter la trame d’une relation amoureuse entre deux jeunes gens (étudiants dans une grande école ou à la fac) issus de milieux différents. Au cours du drame qui se noue sera évoquée la problématique du port du voile par les femmes musulmanes, devenu le symbole du pouvoir des hommes sur elles. Au fil des actes et en écho aux événements seront abordés le statut économique des étudiants, la pauvreté des personnes qui sont aidées par des associations caritatives, la réconciliation difficile entre la France et l’Algérie, la religion en général (chrétiens, musulmans, etc.), la prise de liberté des jeunes dans la famille et la cause de la libération des femmes, eu égard aux traditions anciennes.

PREMIER ACTE

       Nicolas est étudiant dans une faculté où étudient aussi Leïla, sa sœur jumelle Yasmine et leur frère cadet Abdul nouvellement arrivé lui aussi à la fac. Ces trois frères et sœurs sont issus de la 2ème génération de l’immigration d’Afrique du Nord (Algérie). Tout le monde se voit régulièrement dans les couloirs de la faculté. Au cours d’une fête dans la cafétaria de l’université Nicolas, est assis près d’eux et ils font plus ample connaissance. La soirée s’annonce heureuse. Yasmine et Leïla portent un voile discret sur la tête. A un moment animé de la fête le responsable du bar passe une musique de rock des années 50/60. Quelques étudiants se lancent sur la piste improvisée. On frappe des mains. Nicolas invite alors Leïla à danser.

-Je ne sais pas danser, dit-elle

- Ce n’est pas grave, je t’apprendrai, allons !

- Oui, insistent les autres autour d’eux.

       Les jeunes gens se mettent alors à danser. Leïla est heureuse et dans un geste spontané d’allégresse, elle enlève le voile de sa tête et elle le fait glisser sur ses épaules. Elle est radieuse avec ses cheveux libres. Sa sœur rit de bon cœur et semble ravie, son frère beaucoup moins, mais il n’intervient pas. Dans l’euphorie, Yasmine baisse son voile sur son cou laissant aussi flotter sa chevelure. Avant de se quitter Nicolas demande à Leïla s’il peut la revoir. Echange de numéros de téléphone entre les filles et Nicolas à l’insu de leur frère. Tout le monde se quitte heureux de la soirée. Nicolas a été troublé par la personnalité de Leïla. Mystère des sentiments. Il veut la revoir.

En rentrant Abdul fait remarquer à ses sœurs qu’elles n’auraient pas dû enlever le voile et qu’il sera amené à le dire à leur père. Les sœurs le prient de n’en rien dire mais Abdul ne les écoute pas. Il les quitte rentre seul en premier. Les deux sœurs, dans le salon de l’appartement, se désolent de l’attitude de leur frère. Entre alors le père excité, suivi de la mère bras tendus et suppliants et ensuite lentement Abdul avec nonchalance.

Le père les interpelle et les invective. Déjà très réticent à les envoyer à l’université, il songe sérieusement à les retirer de la faculté. Forte réaction et altercation entre les jeunes femmes et leur père.

- Allez dans votre chambre ! répond-il.

Les filles sortent et le garçon aussi. Une explication dans le couple s’installe.

Le père est furieux. La mère est plus compréhensive et défend ses filles inscrites à la fac et désireuses de s’intégrer à la société où ils vivent et dans le pays où elles sont nées. Le père répond que « Trop d’instruction défie le ciel » Il décide de retirer ses filles de l’université. La mère conteste et elle répond que le Moyen-Age est révolu, l’Islam est humainement trop rigide et que, tout en respectant la religion musulmane le foulard est un « symbole qui qui nous dessert ». Ce contexte familial n’est pas seulement religieux il est aussi politique. Le père est en France depuis longtemps et il rappelle l’histoire de l’Algérie qui pèse sur leur vie et il fait référence aux djinns, ces être malfaisants qui détruisent tout sur leur passage. (1) Il compare les Français conquérants de l’Algérie, aux djinns malfaisants et cette pensée l’obsède encore. La mère tente de faire oublier ce passé peu glorieux. Elle pense qu’enfin les pays peuvent se réconcilier. Elle ajoute que la France leur a ouvert les portes d’une nouvelle vie et d’une nouvelle coutume. Le djinn d’aujourd’hui a pris une autre forme, un autre visage. Il est un soldat religieux et même le soldat d’un dieu sanglant (djihad). Dans la version longue il est prévu le Ballet des djinns sur le texte de Victor Hugo.

Fin du premier acte.

DEUXIEME ACTE

      

Toute la famille Haidi, plutôt bourgeoise, participe à des actions contre la pauvreté et participe à la distributions de colis pour les pauvres gens. L’association caritative musulmane s’active dans un local pour gérer son aide sociale.

L’acte 2 s’ouvre sur un hangar avec des étagères chargées de produits comme un entrepôt de supermarché. On peut lire : Secours Croissant rouge. Cette religion a ainsi ses pauvres.

Devant la scène, Yasmine et Leïla. Celle-ci lui révèle qu’au lendemain de la soirée, Nicolas l’ a appelée par téléphone et il l’a invitée pour une autre fête chez des amis.

-Crois-tu qu’il soit amoureux de toi ? dit Yasmine

- Oh sûrement.

- Et toi ?

- Je le trouve très agréable et j’ai de l’affection pour lui. Est-ce de l’amour ? je ne sais pas.

Yasmine est complice de sa sœur mais elle lui fait comprendre qu’un amour est impossible dans le contexte religieux de la famille

- Appelons-le dit-elle et faisons-le venir ici avec le prétexte de faire des paquets.

Elles l’appellent avec leur portable.

Dans cette attente les sans-abris, les pauvres, font la queue pour recevoir des produits de première nécessité. L’imam invite les pauvres vers les tables de distribution et il les invite à prier Dieu, Allah le généreux.

Sur ces entrefaites, Nicolas arrive. Attitude neutre devant Leïla, son père, Abdul, sa mère, l’imam. Mais il réussit à échanger quelques paroles avec Leïla. Puis il se dirige vers une table de distribution. Abdul parle à son père et le désigne comme le garçon avec lequel sa sœur a dansé.

Sans tarder le père s’approche de Nicolas et le félicite pour l’aide qu’il apporte mais très vite il l’accuse d’avoir dansé avec ses filles ce qui est un péché. Discussion sur le voile et la danse. Nicolas lui rétorque qu’ils sont tous adultes. Il lui dit que son discours ne changera pas la volonté et la liberté des filles au sujet de leurs vêtements. Enfin le père lui déclare que sa décision est prise et que les filles n’iront plus à l’université. Car l’instruction les pervertit et les écarte de la religion. Le père insiste :

- Partez et ne vous approchez plus de mes filles.

Le père s’éloigne.

Nicola est abattu. Monologue plaintif car il est certain qu’il va perdre Leïla.

Enfin toujours dans le dépôt l’imam s’approchent de Nicolas. Il le remercie de son travail et parle de la religion au secours des pauvres. Discussion sur la foi.

Refus systématique de Nicolas de toute religion. Sonnet sur les « Dieux d’angoisse. ». L’imam s’insurge et il lui demande de partir. « Vous blasphémez ! Quel outrage ! Quel scandale ! ». Nicolas sort. Il a le temps de dire à Leïla qu’il l’appellera.

Dans la version longue de l’opéra : Ballet des religions (Grégorien pour les chrétiens, Musique Chaâbi et arabisante pour les musulmans et chant religieux juif)

Fin du deuxième acte

TROISIEME ACTE

Nicolas a appelé Leïla pour lui parler. Elle marche seule, et se lamente parce que son père ne veut plus qu’elle aille à l’université. Enfin elle rejoint Nicolas qui l’attend. Ils se promènent côte à côte. Dans la rue, décor bucolique, verdure. Abdul qui se doute de quelque chose les suit et les espionne Ils se déclarent un amour naissant lors de cette promenade dans la rue. La jeune fille est décidée à parler de cette liaison à sa famille. « Nous serons forts tous deux ensemble ». Ils s’embrassent. Abdul les voit. Elle rentre.

Très rapidement au cours d’un repas elle dit devant tous qu’elle aime Nicolas. Gros scandale ! Le père est furieux, il est en colère, le ton monte Leïla pousse le père qui se défend sans la frapper. La sœur et la mère essaient de la retenir. Leïla s’échappe et sort en pleurant. Abdul qui a assisté à la scène dit :

- Tout cela est la faute de ce garçon, Nicolas. Je vais lui donner une leçon avec mes amis.

- Arrête mon fils lui dit sa mère, n’envenime pas la situation plus qu’il ne faut.

       Le fils sort.

Changement de décor : Leïla marche dans la rue et se lamente. Non loin derrière elle, Abdul accompagné de trois amis se cache et la suit. La jeune fille s’arrête devant un immeuble de quelques étages et appelle au téléphone. Nicolas descend rapidement. Ils sont au pied de l’immeuble. Elle lui raconte la scène survenue à la maison.

- Il faut que tu rentres chez toi et que tu expliques à ton père qu’il n’y a aucun mal à fréquenter un garçon qui n’est pas de ta religion. Va, je t’aime.

- Moi aussi.

       Ils s’embrassent. Soudain les quatre garçons cachés surgissent et ils se précipitent sur Nicolas et le rouent de coups. L’un d’eux a une batte en bois. Leïla, tout en cherchant à intervenir est empêchée par son propre frère. Elle ne peut que constater la situation. Nicolas est très gravement blessé. Il reste à terre. Les garçons se sauvent. Quelques voisins ont vu la rixe et appellent la police. Sur scène duo d’amour musical. Passage langoureux au milieu des souffrances de l’un et bienveillance amoureuse de l’autre. Elle le tient sur ses genoux comme une pietà. Mais très vite Nicolas tombe sans connaissance. Une ambulance arrive.

Les médecins constatent que le garçon respire encore. Ils l’emmènent et refusent que Leïla les suive.

       Retour dans l’appartement où l’on retrouve le père la mère, Yasmine, en silence. Arrive l’imam appelé par le père. Grande confrontation dans la famille. Sur les thèmes du voile, de l’éducation des filles, de l’école et le rôle des femmes dans l’Islam, leurs désir de connaissance, d’apprendre, et le patronage envahissant de la religion. Tout en conservant leur confiance en la religion, les femmes ne sont d’accord sur rien. On voit l’opposition entre les hommes d’un côte de la table et les femmes, en face. Rentrent alors Abdul après la rixe avec Nicolas.

       Abdul raconte à sa façon qu’il a puni le mécréant avec ses amis. Son père lui reproche d’avoir fait justice lui-même mais loue son courage. La mère le désapprouve totalement. Elle accuse les hommes de donner la préférence à l’obéissance aux lois de l’Islam plutôt qu’aux liens familiaux.

       Arrive ensuite Leïla, échevelée, sa robe froissée et déchirée par endroits, suite à la lutte précédente. Retrouvailles. Sa mère la prend dans ses bras pour la consoler. Elle accuse son frère d’avoir battu Nicolas et de l’avoir laissé à demi-mort. Il a été emmené à l’hôpital. « J’ai désiré l’accompagner, dit-elle. Les médecins ont refusé. »

Bientôt deux policiers arrivent. Abdul a été reconnu. Il est accusé de coups et blessures et peut-être de meurtre.

-Nicolas est-il mort ? demande Leïla.

- Oui, mademoiselle. Malgré les soins de premier secours, son décès a été constaté pendant le transport.

 Consternation générale. Les policiers partent en emmenant Abdul. Grande douleur de la jeune fille, cherchant consolation dans les bras de sa mère. Enfin elle accuse clairement son père et l’imam.

-C’est vous qui avez tué Nicolas. Vous et votre religion intransigeante. Vous avez armé le bras d’un garçon soumis et faible.

Elle dit à ses parents qu’elle ne veut plus vivre dans cette famille.

-Je prends ma liberté, dit-elle. Je vais habiter ailleurs.

Protestation du père qui se dit toujours le protecteur des femmes. La mère la défend et affirme que les femmes sont égales aux hommes devant la loi et elle lui dit :

- Va, ma fille. Mon cœur est avec toi.

Yasmine la retient et elle lui dit qu’elle, non plus, ne veut rester dans la famille et elle demande à partager l’appartement avec sa sœur. Celle-ci est d’accord. Ls filles sortent. Puis la mère. Ne restent sur scène que les deux hommes qui se dévisagent. Le père est abattu. Après un temps, il dit :

-Imam, imam, qu’avons-nous fait ? Dieu, a-t-il voulu tout cela ?

Il demande à l’imam de partir. Il reste seul sur scène, à "déplorer son esprit veule".

Rideau

MS

 

 

[1] Dans la culture arabo-islamique les djinns sont des êtres de légende ou des créatures surnaturelles souvent représentées comme des esprits maléfiques rarement bénéfiques qui peuvent prendre diverses formes, y compris celles des êtres humains ou des animaux. Souvent associés aux lieux abandonnés, aux cimetières et aux zones désertiques, et leur présence est considérée comme un signe de danger. Les djinns sont représentés, le plus souvent, comme des créatures malveillantes qui cherchent à tromper les humains ou à leur causer du tort.